Gestion active vs gestion passive : pourquoi l’ETF roi n’est peut-être qu’un mirage?
- Alban Stievenart
- il y a 13 heures
- 3 min de lecture

I. La gestion passive : un succès incontestable… mais trompeur
Depuis la crise de 2008, les ETF ont conquis le monde. Simples, liquides, bon marché : ils promettent l’exposition aux marchés sans le stress des choix actifs. En 2025, plus de 60 % des flux en actions aux États-Unis sont orientés vers des stratégies passives.
Le principe est séduisant : suivre un indice, capter la performance du marché, et réduire les frais. Qui peut être contre ? Sauf que cette approche repose sur trois postulats fragiles :
Que les marchés soient efficients (tout est déjà dans les prix) ;
Que la diversification suffise à limiter les risques ;
Que personne ne fasse mieux que le marché sur la durée.
Or ces idées vieillissent mal. Les marchés de 2025 sont marqués par des chocs exogènes (guerres, ruptures technologiques, politiques monétaires imprévisibles), et des valorisations parfois absurdes, entretenues par... les ETF eux-mêmes.
II. La gestion active, seule capable de s’adapter aux vraies dynamiques de marché
Contrairement à une idée reçue, la gestion active ne consiste pas à multiplier les paris risqués. Les meilleurs gérants actifs sont des analystes de la réalité. Ils identifient des tendances, évaluent la qualité des bilans, et arbitrent les cycles.
Prenons 3 exemples récents :
En 2022, lors de la correction des techs, les ETF Nasdaq ont chuté de plus de 30 %. Les gérants actifs prudents, eux, avaient déjà allégé ces positions surévaluées.
En 2023-2024, la remontée des taux a broyé les valeurs de croissance. Un gérant actif a pu basculer sur des valeurs financières ou des entreprises cycliques, avec succès.
En 2025, face au chaos géopolitique, seuls les gérants actifs peuvent opter pour une allocation géographique sélective, et éviter les zones à risque.
Pour Alban Stievenart qui a créé sa structure de conseils en investissements et de multifamily office pour des entrepreneurs et des familles, la gestion passive par nature subit les marchés alors que la gestion active choisit.
III. Les ETF amplifient les bulles… et les krachs
Un danger rarement évoqué : les ETF sont devenus des facteurs de distorsion de marché.
Quand tout le monde achète les mêmes ETF, les mêmes actions sont achetées, indépendamment de leur valeur fondamentale. Résultat ? Les grandes capitalisations deviennent encore plus grandes, les petites sont ignorées, et les valorisations se déconnectent de la réalité.
Prenons Nvidia. Son poids dans de nombreux ETF sectoriels ou S&P 500 l’a rendue quasiment incontournable. Des investisseurs qui ne savent rien des semi-conducteurs se retrouvent surexposés à une valeur très volatile, simplement parce qu’elle est dans "l’indice".
De même, en cas de stress de marché, les ETF sont vendus en masse… entraînant mécaniquement la baisse des titres sous-jacents. C’est un effet procyclique qui accentue les krachs au lieu de les amortir.
IV. Les vraies performances ? Elles existent en gestion active
Oui, la majorité des gérants actifs sous-performent l’indice net de frais sur longue période. Mais ce constat cache une réalité plus fine : ce sont les fonds très mauvais en terme de performance qui plombent les moyennes.
Certains gérants, eux, surperforment régulièrement leur benchmark :
Les fonds small caps spécialisés, capables de dénicher des pépites hors radar ;
Les fonds thématiques (cybersécurité, énergie verte, eau) bien pilotés ;
Les gérants macro qui anticipent les cycles monétaires avec précision.
En réalité, le couple performance/frais d’un bon fonds actif bat largement un ETF moyen, surtout dans les phases de retournement de marché.
V. En 2025, gérer activement, c’est gérer intelligemment
Nous sommes entrés dans une ère de volatilité structurelle. Inflation persistante, IA destructrice d’emplois, tensions géopolitiques, explosion de la dette publique… Les repères passés s’effondrent. Dans ce monde fracturé, suivre passivement un indice mondial, c’est comme faire confiance à un pilote automatique au-dessus d’une zone de guerre.
Ce qu’il faut ? Un allocateur agile, capable de :
Réduire le risque de duration quand les taux remontent ;
Sortir d’un secteur surchauffé (tech, luxe) à temps ;
Réallouer vers des actifs défensifs (santé, dividendes, or) quand l’orage approche ;
Et surtout : ne pas subir les mouvements de foule.
Les ETF sont intéressants pour se diversifier… mais la gestion active, bien choisie, reste la clé
L’investisseur moderne ne doit pas choisir entre actif et passif, mais savoir quand utiliser l’un ou l’autre.
L’ETF est un bon outil tactique, ou un socle de long terme dans une stratégie paresseuse. Mais pour créer de la valeur, éviter les pièges de marché, s’exposer à des thématiques d’avenir ou ajuster son portefeuille au contexte macroéconomique, la gestion active reste irremplaçable.
Et surtout : elle est aujourd’hui moins chère, plus transparente et plus performante qu’hier, grâce à une nouvelle génération de gérants qui allient data, bon sens et conviction.
Comments